Depuis quelque temps, mes amis et moi adorons allier vacances et pêche. Nous profitons de ce repos entre copains pour découvrir chaque année un lac différent. Nous sommes tombés amoureux d’un très grand lac alpin. Nous voulions y retourner, puisque la première fois, ça ne s’était pas très bien passé : le vol d’une partie de notre matériel nous a fait rentrer plutôt que prévu. Cette année, on y retourne. Mais cette fois-ci, ça ne se passera pas sur le bord, mais bel et bien sur l’eau. En effet, depuis bientôt deux ans, mes pêches en lac se font principalement sur mon Jeannot arcachonnais. Du coup, c’est l’occasion pour mes potes de découvrir ce qu'est la pêche en bateau. Allez, c’est parti !

Une première à trois

Partner chargé, bateau attelé et les trois potos motivés : on prend la route. Après un long trajet à se raconter nos souvenirs de notre première session sur le lac, nous sommes arrivés à destination.

La nuit tombant, nous nous empressons de gonfler les zod et de charger la cabine. Une fois sur l’eau, je me rends compte que ça ne sera pas facile d’ancrer notre maison flottante, un vent du nord très intense met tout de suite mes potes dans le bain. On lâche les ancres avec minutie et après des « ça souffle max » ou encore « la vache, ça bouge », le bateau est enfin ancré.

Nous pouvons maintenant nous mettre d'accord sur la pêche de cette nuit. En effet, pour moi c’est un point d'honneur : on est à trois, on pêche à trois. Ça sera un classique trois cannes qui pêchent une roselière brassée par ce vent puissant avec deux poignées d’appâts sur chaque montdage. Les cannes déposées, on peut enfin se retrouver autour d’une bière et quelques gâteaux apéro dans la cabine.

Mes potes prennent leurs marques (fringues dans les coffres, portable sur la table, musique sur l’enceinte), on profite. Après quelques heures de rigolade et un bon repas, c’est le temps de passer notre première nuit "in the boat".

À la traque de ces dames

Première nuit passée, on se réveille avec aucun poisson en sac, aucune touche de la nuit. On fait chauffer le café, on se régale avec ce paysage à base de montagne et d’eau turquoise. On le sait, on doit bouger, mettre en place une stratégie sur notre pêche.

Après une petite discussion de groupe, on s'est mis tous les trois d’accord. Loïc et Val vont aller faire les courses pour les prochains jours et moi je prends le large avec mon Jeannot sur un secteur qu’on connaît très bien, puisque c’est là il y a deux ans en arrière qu’on a pu attraper nos premiers poissons sur le lac. Sur le trajet de plusieurs kilomètres, je longe les bordures à la recherche de ces dames et je m'arrête sur deux zones qu’on a décidé d’amorcer lourdement (10 kilos d’appâts sur chaque spot par jour) tous les jours de la semaine.

Le premier sera un haut fond rempli de cailloux d’une profondeur de 5m très bien marqués avec un tombant très abrupte qui descend à 15m en pente douce.

Le deuxième sera une bordure d’une pointe de 3 m de profondeur avec un arbre immergé d’une dizaine de mètres de long. Question amorce, ça sera 50-50, 5 kilos de billes, 5 kilos de tiger. Après avoir jeté tout cela à l’eau, je récupère mes deux acolytes sur un ponton et on va sur notre spot. Thermique à fond sous un soleil de plomb, nous arrivons dans notre baie.

Après un bon repas, on décide de poser les cannes. Ce soir, c’est 6 cannes qui pêchent : 3 dans les joncs et 3 dans la cassure derrière nous, dans différentes profondeurs, 2m, 4m, 6m. Rod pod orienté, cannes eschées, masque et tuba enfilés : on y va à la nage aujourd’hui. Une eau turquoise à 24 degrés : que du bonheur pour la plongée. Je repère rapidement dans les joncs des traces qui ne trompent pas, des groins bien marqués, c’est sur elles sont passées il n’y a pas longtemps. On pose les montages et on se casse. Les 6 cannes sont posées : on est confiant pour cette nuit.

Le reste de la journée se passe sous le soleil à base de musique et de baignade puis quelques snaps aux copains qui bossent.

La première d’une série

La nuit se passe exactement comme celle d’avant : calme plat pas un bip… Le réveil à 7h du matin n’est pas très enthousiaste, on chauffe le café en se regardant sans glisser un mot, un silence glacial sur le pont. Quand soudain le détecteur de la canne de gauche se met à s’emballer, notre première touche dans les roseaux. On monte rapidement dans le zod, je prends la canne et on y va.

Après un trajet stressant on arrive à l’aplomb et on trouve un poisson bloqué dans les roseaux., La peur d’une décroche ou pire d’une casse nous gagne. Après quelques minutes de stress, Loïc arrive à mettre le poisson dans l’épuisette. Ça y est, on a chopé notre première carpe, bon, pas très grosse, mais le kiff est là. On retourne au bateau pour savourer ce moment. Rapidement, on va aller reposer la canne, Valentin s’occupe du poisson, Loïc et moi on va remettre le montage à l’eau. Arrivés sur la zone on s’aperçoit que cette petite dame n’était pas toute seule on observe une dizaine de poissons entrain de slalomer entre les joncs à la recherche de nourriture. Sans aucun bruit j’approche le nez du zod vers le spot, Loïc canne en main pose rapidement et délicatement le montage.

Après quelques appâts jetés autour du piège, on s’aperçoit rapidement que les Fish viennent vers nous : vite on retourne au bateau on ne veut pas les déranger. Sûr de nous, on explique à valentin que les fishs sont là et on pense en attraper un très rapidement. En parallèle je pars amorcer nos deux autres spots, malheureusement rien n’a bougé de la veille. Je décide de reposer de l’amorce que sur le haut fond je remets 10 kilos et sur l’autre spot je remets deux kilos deux billes, je ne veux pas surcharger. La deuxième touche s’est faite attendre puisque c’est sur les coups de 17h que Val enregistre un violent départ sur la même canne. Même scénario on monte dans le zod et on va à l’aplomb.

Arrivés sur la zone je m’aperçois que le fish est trop enfoncé dans les roseaux pour s'approcher en bateau. Je n’hésite pas et saute épuisette en main, je longe la tête de ligne et je tombe face à une commune d’un autre gabarit. Impossible de la mettre dans l’épuisette, les joncs sont trop denses.Sans avoir trop de temps pour réfléchir ou même de débroussailler la végétation, je plaque la tête du poisson contre moi., Val arrive pour me filer un coup de main, on la glisse dans le filet de l’épuisette. Heureux nous rentrons sur le Jeannot ! De retour sur le bateau, on stoppe la sieste de Loïc pour lui montrer ce poisson très particulier puisque c’est un poisson déformer au niveau de la queue. Heureux comme tout on est partis pour notre première séance photo. Le reflex chargé on commence la séance dans l’eau. Malheureusement Val la laisse se sauver… ouf on a quelque clichés tout de même. Autant dire que pour cette nuit on est surmotivés.

Sans écailles !

La nuit tombe sur l’immensité et on observe un coucher de soleil aux couleurs très intenses, un rouge feu transperce les montagnes, un régal pour nos yeux.

Soudain, grosse touche sur la canne de droite Loïc qui prend la canne. Je pars en zod avec lui, arrivé à une dizaine de mètres du fish, Loïc se prend un rush d’une puissance que j’ai rarement vue, ça dure 10 secondes et bim, la CASSE… Loïc n’a rien compris, désemparés on repart au bateau sans un mot.

On refait le montage ont y retourne, canne reposée il est temps d’aller se coucher. Deux heures du matin, un bruit assourdissant nous réveil, Loïc reprend la canne, c’est de nouvelle fois la canne de droite. Moteur électrique à fond mes potos se dirigent vers le Fish sous une pluie d’étoiles filantes. Après quelques minutes de combat, je vois les frontales revenir vers moi. Arrivé au bateau, j’étais loin d’imaginer ce qu’ils avaient attrapé : ils me posent un poisson très large sur le tapis... Après une rapide analyse je me rends compte que Loïc vient de faire un poisson de l’espace, mon pote vient d’attraper une cuir de 20 kilos dans les roseaux de cette immensité :Tu viens de prendre ta vengeance mon pote. Vite en sac et on se prend un verre pour fêter ça.

Objectif atteint, on l'a fait, on est très heureux. Après avoir reposé la canne, on retourne se coucher. Le lendemain matin se passe avec le sourire, les automatismes arrivent : café, gâteau, et petite toilette. Et on se met au travail pour cette séance photo riche en émotion…aller on relâche le poisson en le suivant avec la go pro.

Nettoyage intensif

Ensuite on décide d’aller amorcer les deux spots avec Loïc. Arrivés sur le haut fond je prends mes lunettes et je plonge. Je remonte au bout de 10 secondes d’apnée, je regarde Loïc et je lui dis : mec les appâts sont plus là, elles sont passées par là, c’est sûr. En replongeant, je retrouve quelques billes par-ci par-là. On décide d’aller voir le deuxième spot qui ne se situe pas très loin. On regarde sous l’arbre : même constat, plus aucun appât : elles ont tout bouffé mec, elles sont passées là. Que faire ? Faut-il bouger de secteur alors qu’on vient de faire une big sur notre roselière. On retourne au bateau pour en parler tous les trois.

Je soumets l’idée de ne pas bouger et de continuer à amorcer les deux spots car notre roselière nous procure du fish et on verra si les poissons repassent sur les spots ou non. Les potes sont d’accord, on ne sait pas si on fait le bon choix, mais difficile de sacrifier un spot qui produit des touches régulièrement. Après un bon repas et une longue baignade on prépare de nouveaux montages pour la nuit  : pas le droit aux décroches ici . Les montages seront posés à l’identique, on ne change rien. Résultat de la nuit : deux poissons, une petite qui sera relâchée immédiatement, et un autre poisson qui mérite sa séance photo.

Il est temps de bouger

Il nous reste deux nuits maintenant, la pêche est faite. Nous avons tous notre photos souvenir avec un poisson de ce lieu si particulier pour nous et en plus on a fait notre big. Donc maintenant c’est que du bonus.

On décide donc de bouger et d’aller pêcher nos deux spots amorcés depuis quelques jours. Les ancres retirées, les cannes rangées on y va. On arrive sur la zone, on oriente le bateau pour pouvoir pêcher les deux secteurs correctement, il sera placé en pleine eau. On pêchera le secteur à 3 cannes pour cette nuit : une sur le haut fond à peu près 300m sur notre gauche, une en face de nous sur une pointe remplie de rochers, et la dernière à l’arbre à 150m sur notre droite. Je veux être sûr que tout pêche correctement alors je plonge pour chaque canne, et chaque amorçage. La nuit approche, tout est en place, on veut y croire. Ce soir on décompresse, musique en fond, on passe une très bonne soirée. Il est temps de se coucher… tous les rêves sont permis !

Au petit matin

On se réveille un peu dépités, pas une touche cette nuit alors qu’elles sont passées par là quelques jours auparavant… On a loupé le créneau des poissons, mais pas le temps de s’apitoyer sur cette nuit puisqu’un vent de face très violent se lève avec une pluie très dense. Je prends la décision de partir d’ici, le bateau étant ancré en pleine eau, on est aux premières loges et ça devient très dangereux. Les vagues décalent nos ancres charrue pourtant bien positionnées sur le fond.

On remonte les cannes et je prends la direction du premier port à proximité. Trempés et dégoutés on attend dans la cabine que le temps ce calme. En fin d’après-midi le soleil revient nous voir, il nous reste une nuit et les questions se multiplient dans nos têtes. Après réflexion, on décide de retourner pêcher la roselière pour notre dernière nuit.

La dernière chance

Arrivés sur la zone, on recopie à l’identique ce qu’on a fait auparavant. Par chance, on peut admirer notre dernier coucher de soleil accompagné d’une petite bière et d’un bon repas. Il est temps de se coucher, puisque le lendemain on doit reprendre la route et tout ranger : les vacances seront finies.

Pas le temps de se mettre dans le duvet que la canne de gauche se met à dérouler je prends contact et je comprends tout de suite que c’est un tank au bout. Sans réfléchir, je donne la canne à valentin, je passe mon tour, j’ai déjà un beau poisson en photo et lui non. À trois dans le zod, on se dirige vers le poisson très rapidement. Comme d’habitude, le poisson est dans les roseaux, en allumant la frontale on tombe nez à nez avec un poisson d’un gabarit différent de tous les autres. On ne veut pas faire n’importe quoi, si le poisson prend peur il risque de tout casser, après quelques minutes de galère, Loïc introduit le poisson dans l’épuisette. On se tape dans les mains et on ouvre l’épuisette pour observer ce fish hors norme, on s’aperçoit vite qu’un détail nous a échapper, non seulement ce fish est gros mais il se trouve qu’il a une robe très particulière, quasi linéaire.

Aller on retourne au bateau pour la pesée. Le verdict tombe on vient d’attraper un fish de plus de 25 kilos presque linéaire. On ne pouvait pas rêver mieux, après la galère de la veille on est récompensé. On refera un petit poisson dans la nuit. On peut rentrer heureux, nos vacances se sont bien terminées. Le lendemain matin après une grosse séance photo on remet le bateau sur la remorque et on rentre.

Une semaine réussie

Ce que je retiendrais de notre semaine, ce n’est pas seulement ce gros poisson vraiment particulier, mais plutôt le fait d’avoir fait découvrir la pêche en bateau à mes potes. En plus, pour une première, on a fait fort ! À l’heure actuelle ce qui est important dans mes pêches c’est de partager ces moments forts en émotions avec mes amis.