Quoi de plus éprouvant dans la vie que de courir après une chose ou un but qui nous met en difficulté sans cesse, qui nous fait perdre un temps précieux, de l'argent ou même de la santé parfois ! Pour la plupart du temps, un maigre lot de consolation... C'est encore plus affligeant lorsque ce but devrait être notre passion ! Heureusement, quand la lumière apparaît au bout du tunnel, les mots ne suffisent pas.

Chaque pêcheur a sa bête noire 

Dans notre passion, nous avons tous une eau qui nous fait défaut, que ce soit un lac, une eau courante ou une gravière. Une de ces flottes qui réunit des paramètres nous mettant à rude épreuve (peu de poissons, nourriture naturelle omniprésente, indésirables, obstacles...) ou encore sous forte influence météorologique. Parfois, tous ces facteurs sont réunis en même temps. Et là, c'est un véritable calvaire...

Pourtant, ces eaux recèlent bien souvent certains trésors insoupçonnables ! Pour ma part, c'est une gravière d'une soixantaine d'hectares qui était jusque là ma bête noire...

Un lieu idéal

Le lieu est un ancien site d'extraction de gravats qui a servi à la construction de l'autoroute A39. La profondeur moyenne est de 4 à 5 mètres avec plusieurs fosses à 10 mètres et une multitude de reliefs tous plus attrayants les uns que les autres. Il y a une végétation aquatique épaisse et abondante, des arbres tombés dans l'eau et immergés, un substrat variable de la roche à la vase : bref, un joli tableau.

Le bémol ? Un cheptel fantôme ! Une estimation a moins d'une centaine d'individus, sûrement bien moins. Mais une reproduction prometteuse pour les années à venir. Ce qui donne une pyramide de poissons assez folle ! La nourriture naturelle ayant colonisé le plan d'eau, certains sujets ont profité, et même bien profité ! Le tout naturellement sans l'apport calorique de notre chère bouillette !

Un apprentissage long et complexe

Mais comme il faut s'en douter, ces vieilles dames sont assez difficiles à satisfaire et à leurrer. Il m'aura fallu 8 ans pour mettre au sec un de ces poissons XXL, à raison de 5 ou 6 sessions par an (plus serait difficile moralement). Bien sûr, j'ai pris des poissons de toutes tailles variant de 5 à un peu plus de 20 kg pendant toutes ces années. Mais il n'y a eu aucun vrai bœuf. Pourtant, j'en suivais quelques-uns de très près et même décroché plusieurs ! Ils s'alimentent bizarrement et parfois les décroches successives deviennent un enfer !

Un procédé minutieux à suivre

Il m'aura fallu comprendre une certaine mécanique (météo, meilleurs créneaux, montages  appâts...) mise bout à bout au fil des années pour arriver à concrétiser des pêches et surtout améliorer la réussite. La dernière en date me ramenant certainement un des meilleurs souvenirs de ma petite vie de pêcheur, un poisson qui vaudra largement tous les poissons de 30 kg que j ai pu capturé jusque là.

Un départ sans grand espoir

Début novembre, lors d'un week-end où la météo est perturbée (petite température, fort vent de sud-ouest, averses régulières abondantes), je me décide quand même pour 2 nuits sans grand espoir, sans pré-amorcage. J'ai ramené 3 cannes eschées simplement d une bille Jack Honeys (un concentré de farines protéinées fraîches hyper attractives en eaux froides, un soupçon de douceur avec le côté gourmand du miel et le diffuseur alcoolisé que l'on connaît bien), le tout blindé pour les indésirables, et environ 500g d'appâts par canne. Celles-ci iront chercher des spots qui m'auront déjà rapporté par le passé. Et une dernière canne exploratrice posée en pleine berge battue par les bourrasques, au milieu de rien !

De super touches malgré le danger

De la vase et des algues au fond, de l'écume et des vagues en surface, un p’tit snowman de 14 de la même gamme et quelques billes coupées éparpillées : la dangerosité de la dépose me forcera même à écourter la manœuvre ! La vie est quand même plus importante, surtout seul sur l'eau. Et ainsi cette canne déposée à l'arrache me rapportera successivement 3 touches sur les 2 nuits : 1 poisson modeste, une de 19kg et une décroche ! Cette canne était celle où je me serai le moins cassé la tête.


Quant aux autres cannes, une déroulera la seconde nuit vers 3h, pour au bout me donner tout ce que je recherchai toutes ces années ! Enfin ! C'était une des cannes dont je n'étais pas le plus convaincu ! Un poisson de 28kg, comme quoi... Être au bon endroit au bon moment, qu'est ce que j ai pu l'entendre cette phrase à la c**, et pourtant ! La finalité est qu'une persévérance et un mental d'acier mènent bien souvent au but recherché lorsqu'on s'y attend le moins, malgré toutes les embûches. Mais pour cela, il ne faut jamais s essouffler...

Gaêl Bonnelais