Comme beaucoup de passionnés, ma saison de pêche 2020 fut chamboulée. Cette épidémie, par la force des choses, nous a contraints à prendre notre mal en patience avant de pouvoir profiter d’être au bord de l’eau. Une session en grand lac initialement prévu au mois d’avril est tombée à l’eau, confinement « oblige ». Ma compagne, consciente du besoin pour moi de partir m’évader, m’a proposé de partir en famille, avec notre fils de 5 ans, pour une semaine de pêche durant les vacances d’été. Bien sûr, avec une réserve : qu’elle puisse bénéficier d’un confort digne de ce nom !

Un étang à l'excellente réputation

J’accepte bien entendu avec plaisir, mais avec le regret de faire une croix sur une pêche de baroud comme je les aime tant. Afin de respecter les « mesures sanitaires en vigueur», et également le confort pour « madame », car c’est avant tout des vacances en famille que nous préparons, j’axe mes recherches sur des plans d’eau privés. Mon choix s’oriente du côté des étangs de « Carpa Sens », site bénéficiant d’une excellente réputation, notamment auprès des pêcheurs les plus prestigieux. C’est d’ailleurs deux d’entre eux, dont Samir (il se reconnaîtra) qui est ami avec le gérant, qui m’a convaincu de réserver à l’étang des Chaumes.

Un lieu parfait pour des vacances en famille

Cet étang d’une dizaine d’hectares est équipé de deux bungalows tout confort à chaque extrémité du plan d’eau. Une île, située au milieu de l’étang, empêche tout vis-à-vis et assure ainsi une tranquillité optimale. C’était exactement ce qu’il nous fallait, même si me concernant, ce n’est pas le genre d’endroit qui me fait rêver, privilégiant les endroits sauvages à ceux « tout équipés ». Mais il ne s’agissait pas de moi uniquement, mais de ma famille, et pour le coup c’était parfait. À notre arrivée sur le site, après un rapide état des lieux, mon fils et moi embarquions dans une barque mise à notre disposition.

Le repérage

Nous partons en repérage, sans écho-sondeur, simplement équipé d’une perche à sonder et d’une canne. Le constat fut établi rapidement : fonds réguliers, dominance de vase et quelques zones de gros cailloux. Les bordures de mon côté n’étaient pas vraiment exploitables, liées au niveau d’eau qui était  bas à cause de la chaleur ainsi que de l’absence de pluie depuis plusieurs semaines. Petite ombre au tableau : une impressionnante présence de grosses écrevisses, qui auront néanmoins fait jouer mon fils tous les jours, avec une nasse également mise à disposition par le propriétaire. Étant donné l’heure assez avancée, j’ai décidé de ne pas pêcher la première nuit et de passer une soirée pleine de complicité avec ma compagne et mon fils.

Le début de la pêche

Je disposais donc de cinq nuits pour faire du poisson, en n’étant pas à 100% dans la pêche. Je n'avais pas de réelle stratégie. Mes trois cannes ont étaient placées sur trois spots différents, dans l’espoir de trouver un secteur productif et d’aviser ensuite.

La première canne

Une canne en pleine vase, avec une pop up « Fruit White », sur un montage chod rig, avec quelques bouillettes coupées autour. J’aime beaucoup utiliser les Fruit White dans les fonds vaseux. La couleur blanche « flashi » permet d’obtenir une parfaite visibilité de l’appât, et son parfum puissant assure une forte attraction même si l’appât est enfoui dans la vase.

La deuxième canne

La deuxième canne, placée en limite de vase et de cailloux, était eschée avec une bouillette enrobée « Jack Honey’s », avec également quelques bouillettes éparpillées autour.

La troisième canne

Enfin, la troisième canne fut quant à elle placée sur une zone avec de gros blocs de cailloux, abritant certainement un grand nombre d’écrevisses. J’ai protégé mon esche avec de la gaine thermo, pour éviter de me retrouver avec un cheveu « nue » au bout de quelques minutes. J’ai amorcé beaucoup plus que sur les deux autres cannes, de façon à être quasi sûr d’avoir des appâts sur le fond suffisamment longtemps. C'était également pour voir si les carpes rentraient davantage sur des spots amorcés copieusement ou non. Et pour cette canne, j’optais pour ma bouillette favorite, la « Corbicule Anodonte», véritable aimant à carpes.

La première nuit

Les trois cannes minutieusement déposées, il était temps de monter le bivvy, car malgré un bungalow tout confort, rien ne vaut mon bon vieux bed chair. Après un rapide sondage auprès de mon « pirate », nous serons deux dans l’abri, laissant ma compagne seule et tranquille dans son bungalow quatre étoiles. La première nuit de pêche se soldera sans le moindre « bip », pour nous sortir mon fils et moi de notre sommeil profond. Rien de bien préoccupant, mais même si le but était de passer d’agréables vacances reposantes en famille. Nous étions au bord de l’eau, et donc par la même occasion, là pour prendre des carpes.

Un séjour reposant avant tout 

Les cannes relevées, je constate que les esches ont été grignotées. Je remets quelques appâts, mais décide de ne pas replacer les lignes avant le début de soirée. J’ai profité de cette journée en famille pour absolument « NE RIEN FAIRE », seulement profiter du soleil et de la quiétude des lieux, extrêmement relaxant.

Un spot productif

Durant la seconde nuit, deux carpes m’ont fait sortir du bed, tandis que mon fils restait dans un sommeil imperturbable. Les deux carpes ont étés prises sur la même canne : celle dans les blocs de cailloux, avec les bouillettes « Corbicule Anodonte ».

Au lever du jour, j’ai décidé de rapprocher du spot productif la canne eschée d’une bouillette « Jack Honey’s » en ne changeant pas de parfum, car je n’étais pas venu avec une grande quantité d’appâts (à peine 5kg de chaque parfum). Bien m’en a pris, car un peu plus tard dans la matinée, cette canne me permit de prendre une belle miroir massive.

Dans l’après-midi, une jolie miroir presque linéaire est venue mordre sur la canne eschée d’une « Corbicule Anodonte ». Pour les trois jours suivants, j’ai choisi de retirer la canne à la « Fruit White », pour ne pêcher qu’à deux cannes, afin d’optimiser la zone productive.

De super vacances alliant pêche et farniente

Une dizaine de poissons sont venus agrémenter notre fin de séjour malgré des températures caniculaires, avec comme cerise sur le gâteau, une magnifique miroir ventrue prise alors que nous étions en train de plier. Notre première semaine de vacances s'est alors achevée en ayant passé 7 jours extra, dans un endroit calme et charmant, où j’ai pu allier passion et vie de famille.

Je recommande donc l’étang des Chaumes pour tous ceux qui veulent assouvir leur passion tout en assurant à leur famille un séjour relaxant dans un cadre séduisant. Je tiens également à préciser que l’accueil était parfait, nous permettant de nous sentir à l’aise immédiatement. Nous y retournerons, c’est certain.

Une nuit solitaire

Une seconde et ultime semaine de vacances se profile alors devant nous. Au programme : quelques jours dans une maison de famille dans une région à très faible population, ainsi les mesures sanitaires furent respectées. Malgré plusieurs jours passés au bord de l’eau lors de la semaine précédente, l’envie d’aller passer une nuit en solo, en pleine nature, dans le but de me ressourcer et me détendre fut trop forte. Je charge donc deux cannes, un peut d’appâts, de quoi faire du Bushcraft (hamac, bâche, cordage...) et le kayak.

Après quelques jours et un repérage effectué, ma destination pour une nuit fut définie. J’ai jeté mon dévolu sur un lac public, tout en longueur, divisé de plusieurs bras encombrés. Au matin de la plus belle journée de la semaine, je pris la décision d’aller pêcher le soir même. Après plus de 48H de pluie « non-stop », une journée alternée de nuages et d’éclaircies avec une température avoisinant les 25 degrés était à mes yeux le créneau idéal pour passer une nuit au bord de l’eau. En fin d’après-midi, me voilà partie direction le lac, avec une motivation au « taquet » !

Un accueil très agréable et chaleureux

À mon arrivée, je constate une importante pression de pêche sur les secteurs bénéficiant de place et d’accès pour les véhicules. Je rends visite à un binôme pour bavarder 5 minutes histoire de faire connaissance et prendre quelques infos. Après avoir terminé ma bière gentiment offerte par ces pêcheurs sympathiques, qui ont également accepté que je laisse mon véhicule sur leur poste pour la nuit afin qu’ils puissent garder un œil dessus, me voilà parti, le kayak chargé à la recherche de mon poste pour la nuit.

J’ai fui tous les secteurs accessibles en véhicule pour rejoindre la queue du lac, plus sauvage et accessible uniquement en embarcation. Comme la semaine précédente, pas d’écho sondeur, simplement au feeling et muni d’une perche à sonder et d’une canne. Après avoir pagayé plusieurs kilomètres, et avoir scruté les berges à la recherche du « hot spot », une bordure retient mon attention. Plusieurs arbres immergés et des éboulis rocheux dans l’eau, descendants jusqu’à plusieurs mètres de profondeur. C'est le genre de spots idéal pour la tenue et l’alimentation des carpes. J’y découvre une pente douce, ensuite un léger plat large d’à peine un mètre, avant une cassure de plus de six mètres de profondeur (longueur de ma perche à sonder).

J’arrose la zone avec du chènevis, des Tiger broyées et quelques bouillettes « Fruit White » coupées en deux. J’amorce léger, mais large. Large pour avoir le maximum de chances d’intercepter des poissons, et de les mettre en activité en les obligeants à se déplacer pour trouver les appâts. Léger, car je n’ai qu’une nuit de pêche, mais également, car en kayak, je ne pouvais pas me charger plus. Je dépose ensuite mes deux cannes espacées d’une vingtaine de mètres sur le plat entre les éboulis et la cassure. Les deux cannes eschées d’une bouillette « Fruit White », couplée d’une Tiger rendue flottante grâce à un morceau de mousse.

Peu de temps après avoir déposé, j’enregistrais déjà une touche, mais malheureusement ce fut une brème. Il y avait malgré tout du positif avec cette prise, cette zone était belle et bien propice à la tenue de poissons. Je retourne déposer ma canne, mais cette fois-ci, je l’a dépose une vingtaine de mètres plus en amont, pour éviter de retoucher une brème s'il y en a encore dans la zone. Un peu de repos n’était pas de refus. L’installation d’un campement de fortune avec uniquement un hamac et une bâche pour me protéger de l’humidité dans la nuit m’allait parfaitement. Une bonne bière, confortablement installée en observant le lac, et en profitant des ambiances du soleil couchant, il ne m’en fallait pas plus pour être heureux.

Une très belle surprise

Mais quelques heures plus tard, une fois la nuit bien entamée, un événement est venu sublimer ce sentiment de bien être. Une touche bien franche sur ma canne en dehors du coup me fait sauter du hamac. Après quelques minutes de combat, ce que je vois sous la surface de l’eau, éclairé par ma frontale, m’a fait serrer les fesses pour ne pas décrocher. Je ne venais pas de voir un gros poisson, mais les reflets des écailles dans la lumière me laissaient deviner un joli poisson. J’en ai eu la confirmation, une fois l’avoir mise dans l’épuisette, je venais de faire une vraie pépite. Je l’ai mise en sac, pour la prendre en photo au lever du jour, en ayant le regret de n’avoir que mon téléphone pour immortaliser ce joli poisson.

Je décide de ne pas remettre la canne, mon objectif était atteint, un fish pour cette nuit de baroud. À ce moment-là, ce qui me tenait le plus à cœur était de me reposer et de profiter de ces dernières heures nocturnes pour dormir sereinement avant de retrouver le bruit, le stress et les obligations seulement quelques jours plus tard, une fois les vacances terminées. La séance photo effectuée, il ne m’a pas fallu longtemps pour ton remballer, un des avantages du bushcraft. Me voilà donc reparti direction mon véhicule sur le poste des deux sympathiques pêcheurs. Ils n'ont malheureusement pas eux la chance de toucher des poissons durant leur séjour. Pour les remercier, je leur ai offert quelques kilos de bouillettes Fruit White, et de bouillettes Écrevisse Krill de ma gamme Amazing Baits, que j’avais dans le camion, c’était la moindre des choses. Depuis j’ai d’ailleurs eu le plaisir d’avoir de leurs nouvelles, avec notamment quelques photos des poissons pris avec les appâts. C’est aussi ça la pêche, des rencontres, du partage...

Me voilà reparti, et c’est donc sur un bon moment que mes vacances se sont finies. Ce que je retiens, c’est que quelques soit le mode de pêche pratiqué (privé, public, fleuve, grand lac, confort, bushcraft...), il en faut pour tout le monde. Le principal est de prendre du plaisir seul, entre amis ou en famille. Prenez soin de vous.

Teddy Lebreton